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Interview de Clément Filère, fondateur d’Ecopack Solutions

Peux-tu te présenter (nom, prénom, âge, études, parcours) ?

 

“Je m’appelle Clément Filère, j’ai 28 ans et je suis originaire de Saugues, un petit village en Auvergne. J’ai un parcours plutôt atypique et polyvalent. J’avais un profil scientifique (chimie, ingénierie) mais je me suis vite aperçu que ça ne me correspondait pas donc j’ai bifurqué dans des études de gestion d’entreprise à Lyon. En parallèle j’étais en alternance en gestion dans le domaine de l’industrie. Je suis ensuite parti à l’étranger pour m’améliorer en anglais. J’ai beaucoup aimé cette expérience donc j’ai commencé des études en commerce international. J’en ai profité pour repartir en Allemagne pour apprendre l’allemand et à mon retour j’ai intégré un Master en gestion de projets spécialisé dans le développement durable à l’école 3A de Lyon. Parallèlement, j’étais en alternance en gestion des déchets radioactifs dans l’industrie lourde. J’ai reçu une proposition d’embauche dans ce secteur à la fin de mes études, mais suite à une longue réflexion, j’ai préféré refuser pour entreprendre et me lancer dans la gestion des déchets à titre personnel.”

 

Quand as-tu lancé Ecopack Solutions ?

 

“J’ai lancé officiellement Ecopack en juin 2020 mais je travaille sur cette entreprise depuis septembre 2019.”

 

Pourquoi ce nom ?

 

“J’ai choisi le nom Ecopack solutions parce que je ne voulais pas uniquement proposer un colis e-commerce réutilisable mais une vraie solution éco-responsable dans le secteur de l’emballage. Quant au colis Boomerang, c’était pour illustrer les nombreux aller-retours de mes emballages avec l’image du boomerang qui revient sans cesse. J’ai aussi choisi des mots qui étaient compréhensibles à l’international pour pouvoir développer mon entreprise à l’étranger par la suite.”

 

Comment as-tu eu cette idée ? Pourquoi tu t’es lancé ? 

 

“Cette idée m’est venue d’un constat et d’une découverte. Le constat était que les poubelles de mon immeuble étaient de plus en plus remplies de colis. En effet, le e-commerce se développe énormément et génère beaucoup de déchets à cause des très nombreux emballages qui transitent tous les jours dans le monde. Un jour, j’ai découvert l’entreprise finlandaise RePack qui est aujourd’hui mon concurrent. Celle-ci a créé un colis e-commerce réutilisable. Cependant, ce colis est fabriqué en Asie, à partir de matière neuve (qui plus est du plastique) et il est nettoyé en Estonie. J’ai beaucoup aimé l’idée du colis réutilisable mais je n’étais pas en accord avec le reste puisque l’entreprise n’est pas éco-responsable jusqu’au bout. J’ai donc imaginé le colis Boomerang qui part d’un déchet : d’anciennes bâches publicitaires ultra résistantes car conçues à l’origine pour résister au froid, au gel, au vent, à la pluie et à l’humidité.” 

Colis Boomerang

 

Quelles étaient tes motivations et tes objectifs en créant les colis Boomerang ?

 

“Premièrement, supprimer des déchets : tout d’abord les bâches qui devaient être enfouies mais sont finalement réutilisées pour créer les colis Boomerang et ensuite les déchets qu’auraient constitué les cartons utilisables une ou deux fois seulement. Deuxièmement, proposer une alternative de livraison éthique, éco-responsable et durable pour les e-commerçants et les consommateurs français.”

 

Quelles sont les valeurs phares / engagements de ton entreprise ?

 

“L’éco-responsabilité – l’ancrage local puisque nos colis sont nettoyés et réparés à Saugues, dans mon village natal, et la fabrication se fait dans une entreprise d’environ 120 salariés à proximité – l’upcycling – l’insertion sociale puisque nos emballages sont conçus par des personnes handicapées et/ou en réinsertion sociale et professionnelle – la fabrication locale et l’économie circulaire.” 

 

Comment récupères-tu les affiches publicitaires qui servent à la fabrication de tes colis réutilisables ?

 

“La matière première provient de la ville de Lyon, de clubs, d’associations, d’imprimeurs ou encore d’organisateurs d’événements qui sont contents de les donner pour une  bonne cause plutôt que de les enfouir ou de les brûler. On a déjà récupéré plusieurs dizaines de tonnes de bâches depuis le commencement. »

 

Combien de personnes travaillent pour Ecopack ?

 

“Actuellement 2 personnes, une alternante en communication et moi-même. Il y a également une vingtaine de personnes qui fabriquent nos colis réutilisables (emplois indirects).”

 

Quel est ton meilleur souvenir depuis le lancement ?

 

“La première fois que j’ai embauché une stagiaire. J’ai adoré le fait de recruter, c’était nouveau pour moi. Et j’ai été très touché par le fait qu’elle n’était pas une candidate mais une personne profondément convaincue par le modèle que je propose. Un autre très bon souvenir est la signature du contrat avec Le Slip Français. J’étais fier qu’une entreprise comme celle-là me fasse confiance pour ses emballages.”

Fabrication des colis Boomerang

Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées ? 


“L’une des difficultés auxquelles je dois faire face est le fait que tous les clients finaux ne nous renvoient pas le colis. S’il n’est pas renvoyé, il est fort probable qu’il ne soit pas réutilisé, ce qui est le cœur de notre modèle. Si jamais il est réutilisé directement par le client, pour envoyer un colis Vinted par exemple, cela brise la chaîne de communication. En effet, les marques avec lesquelles nous travaillons communiquent sur notre projet et indiquent qu’il est important de renvoyer le colis après réception en le déposant simplement dans une boîte aux lettres jaune. Mais la personne qui recevra son colis Vinted ne sera pas informée et risque de ne pas nous le renvoyer.

 

Une autre difficulté est la solitude. Comme c’était un projet ambitieux dès le départ, cela peut faire peur parfois. Il arrive qu’on se demande si on a les épaules pour, si on va y arriver. Il faut apprendre à faire des erreurs, à apprendre de ces mêmes erreurs et à s’entourer des bonnes personnes. C’est une vraie formation professionnellement et humainement parlant !

 

Il faut aussi apprendre à dissocier la personne du fondateur. Il ne faut pas tomber dans un truc où tu n’existes plus vraiment, où les gens n’ont plus que ça à te raconter et où toi tu n’as plus que ça à dire. Il faut arriver à se détacher de son bébé et prendre du recul quand on n’y arrive plus.”

 

Quel est ton rêve / ton ambition ?

 

“Créer la plus grande filière de collecte de bâches, industrialiser à très grande échelle l’upcycling et créer des emplois sur mon territoire natal. Je veux aussi rester accessible à tous types de marques. L’avantage, c’est que mes clients me ressemblent, je n’ai pas besoin d’avoir un masque avec eux.”

 

Quelles sont les évolutions / projets à venir pour Ecopack ? 

 

“Constituer une vraie équipe et réussir à répondre à au moins une ou deux de mes ambitions.” 

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